17 février 2013

Hommage au minerai

C'est rien, un blog. Ce que je vais dire ne sert peut-être à rien. Sauf que, peut-être (on est vraiment toujours réduits aux conjectures), cette poussière agglomérée à d'autres poussières finira par former la pierre qui portée par l'irrésistible élan de toutes les injustices, de toutes les souffrances, enfin détendues comme un arc brisera la vitre de la stupidité et de l'insensibilité hautaine de cette hydre anonyme qu'est l'"administration", cette chienlit.

Juste dire à cet homme qui est réfugié en haut d'une grue, à un autre qui campe devant la porte d'une banque depuis des mois, à d'autres, des femmes, des hommes, qui ne baissent pas pavillon, malgré la solitude où on les contraint plus facilement, et à d'autres, qui finissent par se suicider, parce que pour eux ce monde n'a pas d'autre visage qu'un simple mur sans autre issue que la suppression de soi, leur dire que je les aime, que le rien qui est moi, physiquement si loin de leur douleur, les respecte et les honore, respecte, aime et honore leur parfaite humanité, leur dignité.

Leur dire qu'ils sont d'admirables résistants au fascisme satanique qui préside au sacrifice des familles, des groupes humains, des individus, et se moque entièrement d'eux. Des héros.

Le mec de le grue auquel on a proposé d'arranger son cas particulier refuse de descendre. Justice pour tout ceux qui sont dans mon cas, dit-il.

Je veux leur dire, à ces gens extraordinaires si ordinaires, que si les marchands de bidoche pourrie la baptisent : minerai, c'est parce que les ordures qui nous gouvernent et nous administrent ne nous considèrent pas autrement. Du minerai.

En tant que minerai, et en tant qu'être humain, je porte hommage à ce minerai humain et à cette humanité véritable que j'aime, et qui, loin d'être une simple pâte à modeler, de la chair à canon, se révèle soudain et une fois de plus avoir une dignité immense, à cent lieues des rats et des porcs qui se croient mandatés pour l'administrer.

Il est même incroyable que tant d'années consacrées à briser les humains, tant de saloperies déversées, tant de mensonges, tant de violence, tant de séduction sirupeuse, que rien de cet énorme effort pesant contre les hommes ne réussisse à les réduire complètement au silence et à l'obéissance. Stupéfiant. A croire que les goyim valent largement les esclaves du pouvoir qui se croient supérieurs.

Je n'échangerai jamais une tonne de sarkozy d'ayrault de copé ou de hollande, cette puanteur fétide, cette viande avariée, ce minerai prostitué contre un gramme de ce mec qui se bat tout seul en haut d'une grue.

Vieux Jade

2 commentaires:

  1. Merci Vieux Jade, toujours si lyrique, poétique et ...pertinent.

    Le terme de "minerai" évoque une ressource "brute" de piètre qualité qui est valorisée par "ceux qui savent" (les illuminés).

    L'existence de ces héros anonymes, ces hommes sans histoire qui la font un jour, parce qu'ils sont entêtés et certains de leur bon droit, vient contredire cette vision que "nous sommes des moutons", et c'est bien de nous le rappeler ! car sur ce blogue on a parfois tendance à abonder dans ce sens.

    Notre dignité d'être humain, c'est ce qui fait aussi l'héroïsme de ces prisonniers politiques qui résistent par leur esprit contre les bourreaux des prisons d'Israel, du pays du goulag levant, du pays du goulag couchant, et d'autres que j'oublie, dont ces "prisons secrètes de la CIA" ou encore Guantanamo.

    L'ami Pierrot

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  2. Un proverbe congolais dit : "Un pet qui se prolonge peut entraîner une vraie chiasse."
    Autrement dit, l'observation des signes doit mettre en alerte.

    Les oligarques nous observent en permanence, nous émettons des signes, là-haut sur la grue ou ailleurs sur un blog.
    Ils en émettent dans chacune de leurs tristes prestations.
    Nous en sommes au stade où chacun épie l'autre avant la curée.
    Qui émet le plus de vents méphitiques ?

    Edouard

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